Friday, November 6, 2015

Episode #2: 1 an après… Bilan et Perspectives



Chers Lecteurs,


Bien longtemps que je ne vous ai plus écrit, malgré les rappels pressants que je n’ai cessé de recevoir de votre part sur les réseaux sociaux et en dehors. Je dois m’excuser (une fois de plus), mais en avouant cette fois que cela a été fait à dessein. Je m’étais formulé ce raisonnement: après une période de transition où il a fallu partager avec vous mes motivations pour l’entreprenariat et crever au passage l’abcès de mes frustrations passées, il fallait très rapidement se tourner vers le futur. En effet, ceux qui me connaissent en privé savent que je ne suis pas homme à ressasser sans cesse les occasions manquées du passé ; j’aime d’avantage à envisager l’avenir et me donner tous les jours les outils pour parvenir à mon idéal de réussite sociale. De plus, il y a ce magnifique cadeau que Dieu m’a gracieusement accordé entre-temps: mon (mignon) garçon. Il constitue sans aucun doute l’une de mes principales sources de motivation aujourd’hui. Il a été une raison supplémentaire/suffisante pour moi pour me tourner résolument vers l’avenir.
L’avenir, de mon point de vue, signifiait: formaliser l’entreprise du point de vue administratif, se doter rapidement d’un portefeuille de produits pour celle-ci, mettre ces produits sur le marché et commencer à produire un revenu. A dire vrai, je m’étais personnellement promis de vous écrire encore seulement au moment où toutes ces étapes seraient complètement achevées. Ce jour, même si ces étapes ne sont pas toutes franchies, il m’est paru intéressant, quasiment 1 an jour pour jour après le début officiel de mon aventure, de partager quelques 5 leçons importantes apprises jusqu’ici.

Vivre sa foi et sa passion


En fait, quand j’ai commencé cette aventure, au vu des contraintes nombreuses qui s’annonçaient, l’horizon était loin de ressembler à un boulevard (voir billet précédent). Je pense avec du recul que j’avais même quelques raisons d’être inquiet quant à mon avenir. Les 2 principaux éléments qui m’ont donné cette relative quiétude jusqu’ici sont ma foi (catholique) et ma très grande passion pour la musique.

La Foi


Chez nous les Chrétiens catholiques, il y a une race très répandue de personnes dont la régularité à la Messe est directement liée à l’intensité de leurs problèmes. Quand tout va bien, on traine un peu des pieds pour se rendre au culte Dimanche, mais quand les problèmes viennent à s’amonceler, on enchaîne Chapelets et Neuvaines avec tous les livres qu’on nous propose à la sortie des messes (en semaine et le Dimanche). Je dois avouer que je n’ai pas toujours échappé à ce cercle très ouvert par le passé. D’autant plus que, lorsque j’étais salarié, je pensais d’avantage à ma semaine de travail à venir plus qu’autre chose le Dimanche. La relative disponibilité liée à ma situation nouvelle m’a donné l’occasion de redécouvrir la beauté des Saintes Ecritures et le plaisir de méditer ces paroles ; ce plaisir que je n’avais probablement plus ressenti depuis mes cours de préparation aux sacrements de Communion/Confirmation. J’ai d’ailleurs relu ce commandement simple et magnifique (que j’essaie depuis lors d’appliquer dans toutes les péripéties de ma vie): Aimer Dieu et Aimer son prochain. Que tout acte que je pose (décision que je prends) dans ma vie personnelle et ma vie professionnelle contribue à témoigner de mon amour pour Dieu et/ou mon prochain. Il y a également cet autre parole inspirante et lourde de sens qui rappelle que les oiseaux dans le ciel ne sèment ni ne moissonnent, mais le Seigneur leur donne chaque jour de quoi vivre. A combien plus forte raison nous les Hommes qui sommes au sommet de l’œuvre de la création?

La Musique


Un peu en deçà de la Foi, il y a cette passion assumée pour la musique. S’il est vrai que je suis mélomane depuis fort longtemps, j’avoue n’avoir jamais autant écoute de musique, lu (parfois écrit) et partagé d’articles de blogs spécialisés, rencontré ou aidé des artistes locaux qu’au courant des mois derniers. J’ai pris beaucoup de plaisir à le faire et la musique est demeurée mon premier compagnon d’aventure. Sans trop aller dans le détail de mes choix musicaux, je citerai juste cet Album /Compilation de mon artiste préféré Nas (Lost Tapes – Annee 2002) que je recommande à tout fan de musique Urbaine/Hip Hop en quête de motivation. Les mélodies, les textes, la voix de l’artiste ont véhiculé chez moi une telle dose d’espoir et de réconfort tous ces mois que je ne peux plus faire 2 jours sans écouter au moins les titres «My Way » et « Nothing Last Forever » (de cette compilation) ou « Still Dreaming » du même artiste en collaboration avec Kanye West (Album Hip Hop is Dead, Annee 2006).
Toujours dans le registre de ma passion musicale, dès les premiers mois de mon aventure, je me suis assez vite proposé d’animer une chronique hebdomadaire sur les nouveautés Hip-Hop US chez Brice Albin (le célèbre animateur Radio jeune de Douala). Le but pour moi était d’offrir une plus-value à l’émission de cet ami, et surtout de faire à temps partiel une activité qui me sorte de ma routine d’Ingénieur. Il me fallait quelque chose de plus ludique pour mon équilibre psychologique. C’était un peu ma manière de prendre ma revanche sur mon Histoire récente (voir billets précédents). Je dois avouer que beaucoup de personnes autour de moi ont (ouvertement ou sous cape) critiqué ce choix, soit par incompréhension, soit par simple condescendance vis-à-vis des métiers du divertissement. A ceux-là, j’aimerais simplement leur dire avec honnêteté que Brice Albin est probablement plus épanoui dans son métier / sa vie que la grande majorité des hauts-cadres que j’ai rencontré au Cameroun et ailleurs pendant mon parcours professionnel. Mais, comme il parait «enviable » dans notre environnement national de travailler pour des entreprises de renom (les bureaux climatisés), même si c’est pour s’y faire lessiver comme de vulgaires chaussettes sales pendant 8 heures de temps (le 1/3 de sa Vie J), c’est en effet difficile à envisager que quelqu’un puisse s’épanouir en participant à une émission Radio. Je ne vous en veux pas. Sachez juste que je n’ai donc pas changé, et je n’ai pas changé de métier non plus.
Pour rester honnête, je pense vivre actuellement les moments les plus épanouis de toute ma carrière professionnelle. Cela devrait nous donner à réfléchir sur le sens réel que nous donnons chacun a notre bonheur personnel. Est-on seulement heureux en ayant un emploi bien rémunéré auquel on consacre 8-10h chaque jour, parfois sous des contraintes psychologiques à la limite du tolérable ? Combien de temps nous reste-t-il pour réaliser nos rêves (le dessein de Dieu), savourer les moments délicieux de la vie (sachant qu’il nous faut également dormir 8h et passer 1-2h dans les transports par jour)? Vaste sujet…

Se donner des objectifs.


La seconde grande leçon que je pense avoir apprise est celle de formuler ses objectifs et de se donner un horizon raisonnable pour les réaliser. Le péril parfois avec la liberté est la tentation de ne pas se donner d’objectifs clairs. On se projette parfois vaguement, tout en se disant intérieurement «même si ça ne marche pas, j’ai encore le temps ». Résultat : tendance à la procrastination, le temps donnant l’impression trompeuse de passer moins vite pour soi que pour les autres.
Avec des objectifs clairs et limites dans le temps, on dispose de fait d’un repère fixe qui permet de se motiver soi-même et de pouvoir communiquer de manière crédible sa vision à un éventuel partenaire ou une connaissance qui souhaite participer moralement, matériellement ou financièrement à votre aventure. En effet, pensez-y une minute : Comment paraitre crédible aujourd’hui devant quelqu’un à qui vous avez dit 5-6 mois plus tôt : «Mon logiciel-là arrive très bientôt » et à qui vous ne pouvez exhiber la moindre esquisse de produit?
Heureusement pour moi, fort de cette démarche, j’ai aujourd’hui des choses concrètes à proposer au marché local et je suis déjà prêt à me jeter à l’eau.

La discipline (usage du temps, fréquentations)


En troisième lieu, quand vient le temps de l’exécution du plan qu’on s’est fixé, il faut absolument de la rigueur pour aboutir au résultat. C’est probablement sur ce point que la plupart de nous, jeunes entrepreneurs, avons les plus gros risques d’échec. Il y a beaucoup de distractions qui viennent avec la liberté et l’auto-emploi :
·         Les amis malveillants qui ne cessent de te demander avec sarcasme : «Ton affaire-là est déjà à quel niveau ? » tout en priant que tu fasses du sur-place. Ces gens qui sont «en haut » mais veulent systématiquement te voir « en bas », selon le dicton « Il ne suffit pas d’être heureux ; encore faut-il que les autres ne le soient pas ». Il faut les éviter.
·         Les amis du Bar, ceux-là qui te disent : «Gars, allons prendre une » ou «Il n’y a pas une ? » tous les jours de la Vie alors qu’ils n’ont pas forcément les mêmes objectifs/motivations/contraintes que toi. Il faut savoir décliner des invitations également.
·         Les personnes «sans-intérêt». Avec les nombreuses contraintes de temps et les responsabilités multiples, j’ai dû opérer un filtrage méticuleux de mes fréquentations. Il ne s’agit pas de cupidité, ou de ne contacter que ceux qui peuvent vous rendre service, mais d’avantage de la qualité des personnes et du temps qu’on leur consacre. Il y a des gens dans votre entourage qui n’ont pas forcément besoin d’autant d’attention que celle que vous leur en accordez habituellement et parfois il faut pouvoir trancher sec pour ne pas compromettre son énergie inutilement.
A titre personnel, j’ai pris l’option de m’entourer essentiellement de personnes qui m’inspirent, qui traversent des difficultés voisines aux miennes, qui me permettent de passer du temps de qualité ou qui me motivent dans mon aventure de par leur succès.
Sur le plan de la gestion du temps de travail, ma recette est plutôt simple : chaque jour qui passe, je veille à faire avancer de manière raisonnable chacun de mes projets en cours, de telle façon qu’à échéance fixée, je sois arrivé au bout de mes peines. C’est l’essence du proverbe chinois que me rappelle régulièrement mon père : « Si tu as 1000 KM de chemin à parcourir, et que tes jambes te permettent d’en faire 1 par jour, lances-toi, car au bout de 1000 jours tu seras arrivé». Formulation plutôt anodine mais très grande leçon de vie quand on a des moyens limités!

Echanger et Rechercher sans cesse les opportunités


En tant que jeune entrepreneur, la liberté (qui peut facilement dériver en oisiveté) est une véritable opportunité. Ceci se vérifie un peu plus pour le Product Manager que je suis (par essence à la recherche permanente des opportunités de produit). Le fait de pouvoir longuement échanger et socialiser sur les réseaux sociaux et en face-à-face avec le grand public est la plus grande source d’inspiration pour moi actuellement. Au-delà des nombreuses amitiés que l’on arrive à tisser, ces interactions nombreuses m’ont permis également d’observer des comportements/besoins qu’aucune étude de marché n’aurait pu formuler aussi clairement dans mon esprit. Loin de moi l’idée de dire que vous n’êtes que mes cobayes sur les réseaux sociaux. Bien au contraire, j’ai fait de très belles rencontres sur les réseaux sociaux, et j’y ai passé beaucoup de moments fort-agréables depuis le début. Apres il n’en demeure pas moins vrai que les réseaux sociaux sont un champ formidable d’expérimentation pour la conception d’un produit « Grand public ».
Toujours dans le cadre de la recherche d’opportunités, j’ai également pu intégrer progressivement la communauté « Digitale » de Douala où j’ai découvert des évènements encourageants et plutôt bien structurés comme « Digital Thursday » ou « Kaymu Entrepreneur Club ». C’est le lieu de noter qu’il y a une vraie émulsion dans le domaine du Numérique au Cameroun, mais une meilleure structuration des efforts et une mise en relation plus étroite avec les grandes entreprises rendrait moins difficiles la mise sur le marché de solutions locales adaptées. Il est encore très pénible aujourd’hui de proposer un produit à une entreprise de renom.
Enfin, il importe de signaler que malgré ce qu’il parait, il existe un bon nombre de mécanismes d’accompagnement pour les jeunes entrepreneurs (les concours de Projets surtout). Il est vrai que les opportunités de financement les plus intéressantes restent les initiatives internationales, mais il demeure que beaucoup de petites initiatives locales existent pour ceux qui font l’effort de chercher et rester en contact avec la communauté.

Adversité et Audace


La dernière leçon (la plus grande de toute) que j’ai apprise est la résilience face à l’adversité. De même qu’il est nécessaire de mourir pour monter aux cieux, il est nécessaire et incontournable de traverser des périodes très dures sur le chemin du succès. Cela veut dire plusieurs concours où on échoue lamentablement devant une concurrence bien moins expérimentée, se faire désagréablement tourner en bourrique dans une entreprise où vous venez faire une offre de services qui vous a couté des nuits entières de réflexion. Sur ce dernier aspect en particulier, je dois dire que j’ai vécu mon premier choc face à la réalité. Avoir cette chance de venir présenter une solution à une société de micro finance ayant pignon sur rue, devant un panel essentiellement jeune, et constater comme une insensibilité à l’innovation. Je ne doute pas de ce que ce panel ait perçu une certaine pertinence dans le produit ; bien au contraire, tous semblaient d’accord sur son opportunité. Ce qui m’a d’avantage frappé, c’est la négligence qui a caractérisé la suite du processus: le black-out total, aucune communication claire sur la suite de la procédure d’adoption. Ce n’est pas faute d’avoir relance maintes fois ou d’avoir sollicité d’autres rencontres. J’aurai tellement préféré un simple « non » ou « pas intéressés » de leur part, afin de pouvoir consacrer mon énergie à autre chose, hélas… Cela m’a amené à comprendre qu’au-delà de la barrière technologique, il existe une grande barrière psychologique chez nos entreprises en ce qui concerne l’innovation et la gestion professionnelle des relations avec des partenaires potentiels. Contrairement aux idées reçues, ceci n’est malheureusement pas le seul lot des anciens/vétérans proches de la retraite dans les entreprises. Plusieurs jeunes, familiers des technologies nouvelles, n’ont juste pas l’audace d’oser ! Ils sont des fonctionnaires du secteur privé, qui se contentent de gérer le patrimoine informatique existant. Dommage, on est tenté de conclure. Occasion manquée.
Toutefois, un entrepreneur digne de ce nom ne saurait s’arrêter face à ces échecs, il a fallu continuer de créer, élargir le spectre de clients et partenaires possibles et changer parfois la manière de les approcher. Avec l’aide de Dieu et à force de persévérance, d’autres opportunités sont arrivées, et le futur proche devrait être plein de bonnes nouvelles. Restez connectés.

Voilà donc ce que j’ai souhaité partager avec vous en ce jour anniversaire, en attendant de publier le prochain billet où, je l’espère, les premières bonnes nouvelles seront annoncées, et les fruits de mes efforts quotidiens commenceront à véritablement être récoltés…


Allez, A bientôt…

Monday, March 23, 2015

Episode #1: Séparation à l'amiable (Suite et Fin)

Chers Lecteurs et Lectrices,


Mardi 24 Mars 2015. Presque 1 mois jour pour jour que je vous avais promis la fin de l’épisode #1. ‘Quel crime abominable!’ dirait La Fontaine... Bien, rien ne saurait valablement justifier une telle irrévérence à votre endroit ; souffrez simplement que j’évoque les nombreuses contraintes liées à la mise en place de mon entreprise, mes obligations professionnelles (dans mon rôle de consultant en Product Management) et, dans une certaine mesure, la longue hésitation qui était mienne quant à l’opportunité de publier ce billet. En effet, ce billet m’est apparu comme potentiellement riche en entretiens strictement privés que je ne souhaitais guère dévoiler par respect et courtoisie envers les différentes personnes y impliquées.
C’est à la suite d’un échange très touchant avec une de mes lectrices récemment que j’ai réalisé ce que ce partage d’expérience pouvait représenter pour certains d’entre vous. Cela m’a donné la force de reprendre à nouveau la plume le week-end dernier pour vous servir la suite de mes aventures. Your boy Charles is back, people!

Derniers soubresauts…


Apres avoir mené les consultations évoquées dans le billet précédent, j’avais pris la ferme décision de démissionner. La prochaine étape était naturellement de rencontrer toute la chaine hiérarchique au sein de mon département pour les en informer. Pourtant, entre cette étape décisive et la précédente, plusieurs semaines se sont écoulées. Hésitations de dernière minute? Nenni. Indécision? Point du tout! Lisez plutôt !

La dernière lueur d’espoir: Make The Music


Il se trouve qu’au moment de partager ma décision, par un pur hasard de calendrier, la compagnie préparait le concours de musique en ligne ‘Make The Music’. J’avais été choisi comme point focal dans notre unité; le challenge me paraissait plutôt tentant et valant réellement la peine d’être relevé.

Le concept

Make The Music était le volet Musique du programme ‘YEP’ de la compagnie (programme Jeune comprenant aussi un volet Sport et un volet Leadership). Il s’agissait concrètement de mettre sur pied une plateforme digitale qui devait permettre à des jeunes talents ‘Underground’ d’exposer leurs œuvres au grand public. Le public, à son tour, grâce à ses votes devait choisir ses artistes préférés, pour un accompagnement matériel futur (production, clip, argent, …).
Le challenge était grand, le projet sans précédent, l’impact évident, l’aspect digital clairement mis en avant. C’était la main de Dieu, la bouée de secours, la thérapie parfaite pour tempérer mes ardeurs les plus folles du moment.

Le déroulement

Ce projet a été l’un des moments les plus importants de ma carrière professionnelle. Du début jusqu’à la fin, ce fut une expérience humaine formidable :
  1. La manière peu orthodoxe avec laquelle le CMO (Directeur Marketing) de l’époque m’avait choisi. Il est entré dans notre ‘Open-space’ :‘Who is doing VAS here?’. On lui donne des noms de collègues malheureusement absents. Puis il rajoute: ‘But who can handle a music project here?’ Tous les présents (moi-même y compris) ont pensé à voix-basse: ‘Charles!’, jusqu’à ce que la ‘courageuse’ du groupe finisse par donner mon nom.
  2. Pendant tout le projet, avec mes amis (je pèse mes mots) de l’équipe Digital & Innovation, nous avions les mains libres et le pouvoir d’initiative. Nous avions des entrevues régulières, directes et informelles avec le CMO. Il faisait entièrement confiance à notre expertise, et nous étions en retour très admiratifs de son flair et ses idées innovantes comme manager.
  3. Nous avons passé des nuits blanches en équipe et en bonne intelligence avec les amis du segment ‘Consommateurs’ et les développeurs de la plateforme.

Je ne pourrais jamais oublier cette nuit de mise en production de la plateforme! Ce vendredi soir… Le CMO était rentré en déléguant la décision du lancement officiel à notre manager. Notre manager est aussi rentré, nous confiant le soin de lui rendre compte et juger nous-mêmes de l’opportunité du lancement après tests et vérifications. Cela avait été tellement rare pour nous de se voir ainsi confier les manettes pour des sujets aussi stratégiques.
Ce soir-là, nous étions restés à trois au Marketing; les trois membres de l’équipe Digital & Innovation, trois jeunes et trois amis avant tout. En face de nous, les développeurs en attente du ‘Go’ final. Dans un conclave informel, chacun de nous a pris la parole pour donner son avis et collectivement, nous avons décidé du lancement. Rapport a été fait, le site a été mis en ligne, la communication digitale enclenchée, et les parties-prenantes dument informées. Ce soir-là, nous avions été les acteurs de la ‘révolution’, aussi minime fut-elle. J’étais personnellement rentré avec cette joie au cœur, ce sentiment d’être enfin dans un costume à ma mesure, d’être dans le cœur même de l’idée que je me faisais de ma fonction.
Les jours suivants, les chiffrent ne cessaient de grimper, pour finalement dépasser nos attentes les plus optimistes. Ma vie professionnelle recommençait à avoir un sens, c’était une victoire sur moi-même. Le grand boss nous chouchoutait, l’émotion et la jouissance étaient à leur comble, le temps de ce projet…

La fin des illusions


Comme tous les projets au monde, il y eut un début et une fin. La compétition musicale étant lancée, les inscriptions en cours, les jurys étant à pied d’œuvre, mon contrat sur le projet était rempli. La prochaine étape était donc naturellement de retourner à ses ennuyeuses casseroles habituelles sans grand intérêt historique (les e-mails, factures, courses aux contrats, …). Mon enseignant de Chimie de 1ere dirait ‘après passage de l’étincelle dans l’eudiomètre et retour aux Conditions Normales de Température et de Pression (CNTP)’.

‘Boss, I have got something to tell you’


Le Manager


1 à 2 semaines après la fin du projet, j’ai donc recommencé à transpirer l’ennui et le laxisme. A tel point que le jour où j’ai fini par solliciter un entretien avec le manager, le sujet paraissait presqu’évident, et la discussion ne fut pas bien longue. Il s’est essentiellement agi de confirmer si j’avais mûri la réflexion. Cette matinée-là, j’ai exposé mes motifs, j’ai également écouté avec attention sa lecture de mon problème et je n’ai pas manqué d’admettre ma part d’insuffisances quant à la situation qui avait cours. J’ai ensuite déposé la lettre de démission que j’avais formulée la veille, lettre que j’avais voulue expressément manuscrite (car un manuscrit est à mon avis moins formel et porte une charge émotionnelle plus importante).

Le Grand boss


En début d’après-midi, j’apprends avec un peu de surprise que le grand Boss veut me voir immédiatement (j’étais moi déjà rentré à la maison dormir, par pur laxisme convenons-en). Je me suis mis à recenser rapidement tous les feedbacks qu’il pourrait me demander, car je doutais de ce que quelqu’un au pied de l’échelle comme moi puisse faire l’objet d’attention du boss.
Bref, peu de temps après ma convocation, me voilà dans son bureau. Lui me demandant ce qui ne va pas. Toujours loin d’imaginer que le sujet de ma présence c’est ma démission, je me mets donc naïvement à énumérer les statuts des projets que nous avions ensemble. D’un ton rieur, il me dit que ce n’est pas exactement de cela qu’il souhaiterait me parler. Il aborde alors LE sujet avec un regard et une gestuelle dignes de Robert de Niro dans le film Casino : ‘Charles, why do you want to leave us? We have so much to do together !’. S’ensuit alors un argumentaire sur les réalités du monde de l’emploi et il achève sur le fameux ‘What do you want ?’. Fort de mon expérience récente sur Make The Music, j’ai clairement dit que la seule condition à laquelle je pourrais rester serait que je ne sois utilisé que dans des projets (innovants de préférence – Special Projects). Je n’en pouvais plus de mes ennuyeuses casseroles habituelles sans grand intérêt historique. Nous avions donc fait un deal pour une solution intermédiaire que je ne peux révéler ici (secret de la conversation). Toujours est-il que ma part du deal consistait à retirer ma démission et attendre la manifestation de l’Esprit (entendez que l’autre fasse sa part du deal).

Je levai les yeux vers le Ciel, point de Colombe


Après mon entretien, je suis sorti faire mon compte rendu au manager. Une fois de plus je ne puis dévoiler cette conversation ici, mais à ses mots, j’ai senti que nous ne partagions pas le même diagnostic sur mon problème et a fortiori les mêmes solutions. Il flottait donc dans ma tête comme un parfum de ‘Tu viens de perdre ton pari’. Déjà que j’étais dans le doute sur ma capacité à imposer un deal à un grand boss, si je ne pouvais compter sur mon manager pour m’appuyer, c’etait clairement la fin.
Pendant les 2 semaines et plus qui ont suivi, je levai les yeux vers le Ciel: point de Colombe ; aucune manifestation de l’Esprit, point de signe venant des cieux.

‘Boss, I have REALLY got something to tell you: Goodbye!’


 Après un court moment de réflexion, des absences répétées et de plus en plus croissantes du lieu de service, c’était définitivement le chant du cygne. Devant la dégradation de la situation, j’ai écrit un message personnel à mes principaux encadreurs au travail et le lendemain je suis venu pour actionner le processus sans autre forme de procès.
Le département des ressources humaines a été mis à contribution et nous avons décidé d’un plan de passation de services avec mes collègues de l’unité. Je me suis rendu disponible pour aider les autres à mieux comprendre mes tâches habituelles et leur partager ma modeste expertise sur mes produits.
J’ai eu des entretiens finaux avec différents niveaux hiérarchiques, ils ont chacun exprimé leurs regrets de me voir partir, et m’ont donné leur bénédiction et des recommandations importantes pour la suite de ma carrière.

Goodbye Team


Considérant d’abord la collaboration professionnelle comme une expérience humaine, je me suis fait le devoir de communiquer à chacun des membres de mon unité les raisons profondes de mon départ. Je ne voulais pas d’ambiguïté, et surtout il fallait que mon aventure puisse éventuellement les aider pour le reste de leur séjour dans la maison.
Nous avons eu un diner d’Adieu vraiment décontracté et j’ai eu grand plaisir de voir l’image de cette équipé beaucoup moins tétanisée qu’elle en avait l’habitude.

Goodbye Yello Family!


Au-delà du diner en équipe, j’avais tenu à convier toutes les unités avec lesquelles j’avais interagi pendant mon séjour pour dire officiellement ‘Au revoir’ et formuler mes remerciements. En entrant dans cette compagnie, j’avais cette ferme conviction que les relations humaines étaient plus importantes que les relations professionnelles. Je n’avais pas changé, je n’avais pas changé d’avis non plus.
Ainsi donc, nous bûmes et mangeâmes à satiété, y compris les fameuses brochettes de poisson pané de Bonifacios que j’avais rendu populaires au sein de tout le bâtiment. Nous nous sommes dit Au revoir de la plus belle des manières : de commun accord mais avec quelque remord.

‘Welcome To The New World!’


Pour vous dire à quel point la ‘séparante’ fut joyeuse, peu avant mon départ, j’ai été très fortement recommandé à une entreprise en tant que consultant en Product Management.
J’ai immédiatement commencé à travailler avec eux et nous somme tombés d’accord sur une méthode de travail basée sur un chronogramme. En peu de temps, l’espace d’une transition, je suis donc redevenu maître de mon emploi du temps, totalement libre d’initiative sur les produits de cette entreprise (en tant que consultant principal) tout en maintenant un certain niveau de vie.
Apres 2 mois et demi de travail avec eux, nous étions rendus en Décembre, mariage de ma grande sœur en vue. J’en ai donc profité pour solliciter une petite trêve, histoire d’envisager ma nouvelle vie d’homme libre juste après. Nouveau voyage pour New-York donc au milieu du mois, 30 jours pour aller faire le beau avec son costume de garçon d’honneur, prendre une cavalcade de Photos et remplir sa page Facebook.
Séjour magnifique (malgré la rudesse de l’hiver) : pas de délestages, pas de coupure d’eau, pas de mototaxi, les gens super-sympas… Tout ça avec la perspective de rentrer après au pays bosser avec des horaires de grand patron, gagner l’argent, commencer à faire des plans de vie dans le plus grand des calmes. Bref, en mode ‘Life is Good!’

‘Welcome To The REAL World!’


L’histoire aurait pu se terminer au paragraphe précédent. J’aurais alors été entrain de vous parler, du haut de ma réussite after-MTN, des clés du succès pour les ‘suiveurs’ que vous êtes (Référence au thème des suiveurs de @MessyDawn). Mais non, la vie n’est malheureusement pas aussi linéaire.
Peu de temps après mon arrivée à NY, je reçois un appel du Cameroun :
  • Elle: Allo Charles ? Tu es bien arrivé?
  • Moi: Oui, très bien. Il fait un peu froid, mais je m’y attendais
  • Elle: J’ai une bonne nouvelle a t’annoncer..
  • Moi: Je ne t’ecoute pas tres bien
  • Elle: On va avoir #$^&^& BB
  • Moi: Tu dis quoi ? J’entends pas…
  • Elle: Je dis que tu vas #$^()(&


Est-ce qu’elle vient juste de m’annoncer ce que j’ai cru comprendre ?????!!!! Wow !

Bref, Welcome To The Real World, Charles!

Allez, A la prochaine!
@charlyscott237



P.S: J’aimerais dédier ce billet à deux lectrices Manuella et Murielle qui m’ont motive a poursuivre ce partage, ainsi que Pierre Christian, Gaetan et Arnaud qui m’ont motive aussi (meme si c’était de manière un peu moins subtile :)).

Sunday, February 22, 2015

Episode #1: Séparation à l'amiable.(1ère partie)

Chers Lecteurs et Lectrices,


Je ne pourrais commencer ce billet sans vous dire un très sincère "Merci" (du fond du coeur) pour le succès très inattendu du billet précédent. Vous étiez en effet plus de 400 personnes distinctes à l'avoir lu (et souvent relu), y compris dans des pays que je n'aurais guère soupconné (26 vues en Indonésie...)! J'avoue ne pas savoir quelle est la moyenne de visiteurs pour un blog au Cameroun, mais les statistiques susévoquées ont véritablement dépassé mes espérances les plus optimistes; comprenez donc mon émotion. Je remercie enfin mes anciens collègues (supérieurs hiérarchiques en premier) pour la manière très constructive dont ils ont accueilli les réflexions que j'ai partagées précédemment; preuve, s'il en était encore besoin, que l'esprit de 'Complete Candor' est une réalité parmi les employés MTN Cameroun.
Le présent billet est un résumé des différents évènements qui ont eu lieu entre ma décision personnelle de démissionner et mon départ effectif de l'entreprise. Pour des raisons évidentes de courtoisie et élégance, je ne livrerai aucune révélation extraite des différents échanges privés que j'ai eu tout au long de ce processus...

'Bon, quand tu as décidé de démissioner, Tu as demandé conseil avant? Tu as demandé conseil à qui?'


Deux questions centrales qui, à n'en point douter, ont dû vous tarauder l'esprit à la fin du billet précédent. Sans craintes soyez; nul doute que je me fusse posé la même question à votre place.
Au vu de la lourdeur de la décision, vous imaginez bien que de multiples consultations se sont imposées (chacune ayant son objectif spécifique).

Les premières consultations

Le frère jumeau


L'avantage d'être jumeau réside dans le fait d'avoir en permanence à disposition, quelqu'un qui vous ressemble physiquement en tous points, mais qui envisage la vie sous une toute autre perspective que la vôtre. Serge (l'autre moi) est donc logiquement la première personne que j'ai consultée.
Nous avons eu une très longue conversation au bon milieu de la nuit (décalage horaire obligeant); conversation au cours de laquelle j'ai exposé à la fois ma situation et mes intentions du moment. Après avoir posé un foisonnement de questions, ses observations et remarques finales ont surtout porté sur 3 nécessités essentielles:
  1. Exposer la situation (mon malaise) à mes managers; cela permettrait non seulement de vérifier que la situation n'est pas uniquement conjoncturelle, mais aussi d'envisager d'éventuelles mesures correctives si besoin en était.
  2. Evaluer très précisément l'opportunité de lancer une éventuelle activité propre, ainsi que les investissements nécéssaires (temps, argent, procédures, recherche clients...) avant d'entamer le processus.
  3. Prendre si nécessaire un congé pour faire le point avec suffisamment de recul.
Il a rajouté pour terminer: "You are a grown man, so you decide. Whatever you feel is better for you, i'll still be your #1 fan!". Very strong words!

Le meilleur ami


A la différence de la famille (qu'on ne choisit pas forcément), on choisit bel et bien ses amis. Parmi ceux-ci, il y a celui-là. Celui-là qui me connaît bien, très bien, trop bien même je dirais; tellement bien qu'il est capable de me dire, dans tous types de situations, si je réagis simplement sur le coup de l'humeur ou si ma décision semble mûre. C'est un peu mon gourou, pour parler en termes messianiques... Dieu sait qu'il en faut dans ce type de situations.
Après lui avoir exposé la situation, il me tint à peu près ce langage; "J'ai bien observé à quel point le travail s'est emparé de ton temps depuis bientôt un an. Tu me sembles très déterminé. Saches donc que, quelle que soit ta décision finale, je te soutiendrai.". Strong words again!

Le mentor professionnel


Après l'étape des proches (dont j'avais gardé les observations dans un coin de ma tête), il a fallu alors élargir le cercle à quelqu'un qui soit connecté à mon environnement professionnel direct, mais avec lequel j'avais une relation assez personnelle tout de même. Je n'avais certes plus de superviseur direct (poste vacant), mais j'avais la personne indiquée pour l'exercice; il m'avait longtemps tenu la main pour mon intégration dans l'entreprise, un aîné dans le métier et une personne dont j'admirais l'intelligence et la réussite professionnelle. Un 'role model' disent les Américains.
Après lui avoir fait un exposé clair de la situation et mes intentions, il m'a mis en garde contre la tentation de tout plaquer en période de baisse de performance (en prenant exemple sur sa propre personne). "Parfois, quand on se fait 'ramasser' (entendez engueuler publiquement) plusieurs fois d'affilée sur 30 jours, il y a en effet cette tentation facile de baisse les bras" m'avait-il concédé. "Il faudrait t'assurer que les raisons qui te motivent à partir vont bien au-delà de ce sentiment passager" avait-il alors ajouté en substance. Ensuite, il m'a clairement et fortement recommandé de rester, de m'accorder encore plus de temps pour la réflexion (et éventuellement remonter la pente). Après avoir poursuivi sur des exemples de personnes brillantes qui m'ont précédé sans grand succès, et face à ma relative détermination, il me suggéra en dernier ressort de contacter ces quelques aînés qui ont suivi pareil chemin. Je sentais bien dans ses propos un mélange de: 'Fais bien attention aux conséquences de ta décision mon petit', 'On a encore vraiment besoin de toi ici', 'T'en vas pas, reste là'. J'avoue que cette invitation explicite et insistante à rester (frôlant le romantisme) ne m'était point désagréable; c'était bien le signe en effet que, malgré ce manque réel d'engagement au travail, je conservais encore quelque valeur.

L'aîné entrepreneur


Contrairement aux précédentes, ma conversation avec mon aîné entrepreneur a duré moins longtemps. En grande partie parce que sa position et la différence entre nos expériences ne permettaient pas forcément d'échanger d'avantage. En effet, il n'avait pas forcément l'expérience du marché des télécommunications (Services à Valeur Ajoutée - SVA) dans lequel je me projetais; il n'avait pas non plus accès aux données précieuses dont je disposais sur les opportunités de SVA (en tant que partie prenante de la nouvelle stratégie VAS à MTN Cameroun). Je l'avais surtout choisi car il était un aîné Ingénieur assez proche, qui avait également quitté le luxe de son boulot de l'époque pour aller 'au charbon', et qui était plutôt sorti du lot en se construisant une certaine réputation. Il me souvient d'ailleurs qu'à l'époque de sa démission, j'avais personnellement critiqué cette décision, la trouvant irréfléchie; comme quoi le karma existe (pour rester dans le vocabulaire messianique)...
Concernant notre échange donc, même s'il est resté très focalisé sur son cas précis, ce qui m'est paru pertinent de retenir est la nécessité de disposer d'un important investissment initial; question de pouvoir construire des solutions logicielles suffisament robustes pour un usage professionnel (grand public).

Les parents


Après avoir recueilli tous les avis précédents, il a fallu passer par la case 'Parents'. L'objectif ici était surtout de tâter le terrain, car je ne me faisais aucun doute sur l'avis des deux parents. Pour des questions de pure forme, j'ai donc évoqué simplement le projet d'entreprise imminent; la réponse attendue m'a été servie: OUI pour l'entreprenariat, mais NON pour la transition brutale!
N'étant guère surpris, je m'en suis allé comme j'étais venu: sans amertume aucune. C'est quand même déjà une grâce d'avoir des parents qui, ni ne vous demandent partie de votre salaire pour résoudre leurs problèmes, ni ne vous découragent d'opérer la transition du salariat à l'entreprenariat.

Tu as consulté, consulté... Tu t'es alors finalement décidé comment?


Après cette première vague de consultations, j'ai pris le temps de la synthèse, seul dans ma chambre, car quand on a 27 ans on doit être capable de faire des choix assumés sur la base d'avis pertinents ('informed decisions' disent les anglos-saxons).
Au cours de cette réflexion, j'ai repensé à mon mentor, à ce qu'il ma dit. Ce serait quand même un peu lâche de prendre la porte sans avoir usé toutes les voies de recours. De voie de recours, il y en avait une, justement: mon congé annuel. En plus, cette voie rejoignait plutôt ce que l'autre moi (Serge, le jumeau) m'avait également suggéré.
J'ai ainsi décidé de surseoir à mon projet jusqu'à ce que j'aille tranquillement en vacances.

Le congé annuel comme solution intermédiaire


Ayant sursis à mon projet de 'liberté', j'ai remis les gaz au travail 'normalement', ayant en horizon ce fameux congé qui ne se trouvait plus qu'à quelques semaines. Mais qu'elles furent longues et épuisantes ces semaines avant le congé! J'étais tellement essoré psychologiquement (et impatient de prendre ma trève) que j'avoue avoir sérieusement bâclé mon handover. Le contexte du moment (connexion des nombreux partenaires SVA) n'était pas pour faciliter les choses non plus. Toutes mes excuses encore à mes amis de l'équipe qui en ont souffert (doux euphémisme).
Bref, dans des conditions fort rocambolesques, j'ai pris congé de mes collègues; j'ai pris mon congé! 1 mois entier aux Etats-Unis en plein été, avec la famille. 30 jours loin de toute cette course de vitesse permanente, de cette pression psychologique permanente. Ce voyage est d'ailleurs celui où j'ai probablement fait le plus de shopping et sorties, question de vraiment 'déconnecter', évacuer le stress et revenir neuf comme le premier jour. A ce propos, il faudrait que je songe à revendre quelques articles de ce voyage-là, le chômage devenant déjà un peu persistant de mon côté... (petite pointe d'humour).
Donc, au total, grâce à d'incessantes navettes entre les magasins Macy's, NorthRom, Burlington (et bien sur Downtown Manhattan pour les bons deals...), je n'ai perdu aucun de ces moments de liberté. "L'argent c'est de l'eau" (pour paraphraser la chanson populaire) serait un parfait résumé de ce séjour.
Il y eut 30 matins, il y eut 30 soirs, ce furent mes vacances.

Fin de la trève et... Rebelotte!


Après ce vrai bol d'air frais, je suis revenu neuf et tout requinqué. Surtout, j'avais retrouvé ma bonne humeur; j'avais en plus cette jovialité et cordialité maladives qui caractérisent en général le voyageur qui revient fraîchement d'un long séjour en occident: 'Hey...', 'Hi...', 'Pourquoi tu m'as l'air tendu la? Relax... Chill man!'. Au bout de 2 semaines après ma reprise, j'avais même fini par me convaincre que les autres devaient avoir raison. C'était sûrement la fatigue et le stress qui m'avaient amené à mal évaluer la situation. 
Malheureusement, dès la troisième semaine, tout a recommencé. Le gène de la nervosité ambiante est redevenu dominant et celui de la gentillesse s'était complètement envolé. je ne saurais dire exactement ce qui est arrivé, mais ce dont je suis sûr c'est que tout est redevenu exactement comme avant: les courses folles après les délais, les choses lancées 'vite-vite' (pour parler un peu trivialement), l'amertume, le sentiment que la véritable révolution/innovation n'aura vraiment pas lieu. 
Ainsi, j'ai rapidement recommencé à dévisser, multipliant des fautes de laxisme (parmi lesquelle deux que je considère avec du recul comme des échecs majeurs et mémorables). Je m'en rendais compte, mais cela ne faisait plus vraiment partie de mes priorités majeures. J'avais compris un peu plus tôt déjà que ma première intuition avait été la meilleure. Je n'avais plus qu'un seule chose en tête: soigner ma réputation avant de partir i.e. préparer la sortie. Ceci incluait:
  1. Jouer franc-jeu avec la hiérarchie, et surtout ne pas 'renverser la table'  (pour emprunter une expression chère à mon chroniqueur préféré - Alain Duhamel) i.e. s'en aller avec fracas.
  2. Achever des chantiers (produits) que j'avais entamés ou particulièrement soutenus jusqu'alors.
  3. Initier progressivement d'autres personnes (les temporaires notamment) à mes produits car mon dernier souhait eût été que des 'mains indélicates' ne viennent tuer tous ces efforts de construction par simple ignorance.
La prochaine étape était donc fixée: il fallait rencontrer sans attendre mes différents supérieurs hiérarchiques pour leur annoncer mon intention de partir, dussé-je passer pour celui que le travail a dépassé.

Pour votre confort de lecture, la suite sera disponible dans le prochain billet (Mercredi 25 Février au plus tard).

Allez, A bientôt!
@charlyscott237

P.S: J’aimerais dédier ce billet à celle qui m'a formé  et appris le métier de Product Management ainsi que mon mentor qui a beaucoup influencé mes choix sur le plan professionnel. Je sais quelle est l'humilité qui les caractérise, je ne les nommerais donc pas... Ils se reconnaîtront!


Thursday, February 12, 2015

Episode #0: Pourquoi j'ai franchi le pas...

Chers Lecteurs,


Courtoisie obligeant, je dois commencer par renouveler mes remerciements à ceux d'entre vous qui ont lu le billet précédent, ainsi qu’à vous, qui concédez à présent quelques minutes de votre temps précieux pour me lire. Je présente également toutes mes excuses à ceux qui attendaient ce second billet un peu plus tôt. Beaucoup de contraintes d’agenda à honorer malheureusement; faut bien que je cherche de quoi payer mes factures en effet.
Ce second billet est un résumé du processus qui m’a conduit du salariat à l’entreprenariat, mais débute par une introduction sommaire de mon background académique et professionnel. J'ai pris le parti de n'insister que sur les aspects 'pertinents' de mon parcours, question de vous mettre suffisamment dans le contexte; il ne s'agit (malheureusement?) pas d'une autobiographie pleine d'éloges et autopromotion...

'Toi c'est qui?', 'Tu me sers même à quoi?'...


Je m'appelle WOCMENI TOMMO Charles Hervé, né le Mardi 03 Février 1987 à Manhattan New-York (USA). Je suis jumeau, originaire de Bana (Ouest-Cameroun) et dernier-né d'une famille de 6 enfants. Je suis issu d'une famille de classe moyenne, mais comme beaucoup d'enfants dans la même situation, les parents nous ont élevé dans les conditions d'une famille modeste. Nous avions juste ce qu'il faut pour s'en sortir, et parfois des extras lorsque les résultats scolaires étaient au rendez-vous.

Après près de 3 ans aux Etats Unis, nous sommes revenus au Cameroun (Yaoundé) où j'ai fait toutes mes études: de la maternelle jusqu'à la fin de mon cursus d'Ingénieur des Télécommunications (Polytechnique, 2008), en passant par le Collège de la Retraite (BAC C 2003).
Sur le plan professionnel, j'ai eu l’occasion de faire plusieurs stages:

  • 2005 - ECTA BTP (Bureau d'Etudes, Yaoundé): Simple ouvrier sur les chantiers (Oui, ouvrier...)
  • 2006 - ONU (Siège, New York): Volontaire (les gens qu'on ne paye pas en fait...) au sein de la section Communication Web - Département de l'Information
  • 2007, 2008 - CAMTEL (Siège, Yaoundé): Stagiaire académique au sein des unités Transmission (Terrestre, puis Satellite) en 2007; Unité Exploitation Réseau Internet Informatique et Réseaux Spécialisés en 2008

En termes d'emploi, j'en ai eu deux au total:

  • Avril 2008 - Mars 2013: Huawei Technologies Cameroun. J'y ai travaillé tour à tour comme Technical Support, Project Manager et Operation Manager. J'ai principalement travaillé sur les produits MTN Zik et Orange Fun Tones en relation avec les opérateurs de Téléphonie.
  • Mars 2013 - Novembre 2014: 'Content Specialist' chez MTN Cameroun au sein de l'équipe Digital & Innovation (Unité Produits et Services, Département Marketing). Mon rôle était de suivre les performances, développer et faire des propositions pertinentes de produits relatifs au contenu numérique (Musique, Jeux, Information, ...).

Auréolé de ce parcours a priori sans anicroches ni bavures, voilà donc qu'un soir d'Octobre 2014, après moult hésitations, entretiens avec des aînés (et tentatives de démission infructueuses aussi), je me résous à laisser le confort de mon job du moment pour aller me lancer dans la jungle de l'entreprenariat au Cameroun! Stupide non? Pas si sûr en fait... Je vous explique.

Tu as même démissionné pourquoi non? Toi aussi!


‘MTN Gars ??? Au Marketing en plus ? Tu es fou mon type!’, ‘Tu as laissé le salaire là alors que tu n’as même pas l’autre?’, ‘J’ai toujours dit que tu es trop têtu, toi là!’, ‘On t’a proposé les mauvaises choses là-bas? Dis-nous la vérité man !!!!’, ‘Gars, on est des amis, on va comprendre: on t’a seulement renvoyé n’est-ce pas? Je ne peux même pas accepter l’histoire de démission que tu me racontes la!’
Susmentionné, le florilège de questions et remarques que je continue de subir à chaque fois que je dis (ou que quelqu’un apprend) que je ne suis plus à MTN. Aujourd’hui, j’ai fini par me résoudre à tourner systématiquement mes interrogateurs en bourrique, tellement j’ai eu du mal à faire accepter la réalité de ma décision au début.

Les Faits

Si j’ai démissionné, c’est parce que je n’en pouvais simplement plus ; j’en avais marre de nombre de choses qui devenaient insupportables:

  • La quasi-absence de vies personnelle et familiale ;
  • Les frustrations professionnelles de plus en plus nombreuses ;
  • La difficulté grandissante que j’éprouvais à me soumettre l’autorité de quelqu’un d’autre ;
  • Un intérêt décroissant pour la croissance de mon employeur ;

De l’absence de vie personnelle (familiale).

Il ne faut pas se mentir, MTN Cameroun est l’un des meilleurs employeurs au Cameroun! Quand tu es au Marketing en plus, il y a:

  • le prestige,
  • le salaire,
  • la sécurité sociale,
  • les sessions de travail dans les grands hôtels et les plus beaux endroits du Cameroun,
  • les nombreux gadgets,

Pour l’anecdote, il me souvient même avoir une fois surpris un employé avec des préservatifs MTN ! Imaginez donc jusqu’à quel point la maison prend soin de vous…

En bref, aucune possibilité d’excuses ne t’est offerte pour justifier une éventuelle absence de résultats. La contrepartie de tous ces avantages ? Le travail, et surtout, les résultats! Etant moi-même très exigeant vis-à-vis de la qualité mon travail, j’ai eu cette chance (ou malchance) de tomber sur des managers très exigeants et de recevoir (comme la plupart des staffs de mon unité) des objectifs de performance particulièrement élevés. Ce cocktail a fini par me formater peu à peu, pour me reconfigurer en une sorte de robot, travaillant jour et nuit sans discontinuer:

  • Ecrire et répondre aux e-mails des collègues, des managers, des nombreux partenaires (sachant que le prochain sera toujours beaucoup plus urgent que le précédent);
  • Rédiger des tonnes de rapports pour le Manager, le CMO, le CEO, le Groupe;
  • Suivre le développement des produits nouveaux et évaluer les performances des produits existants;
  • Lancer des promotions régulièrement;
  • Poursuivre ses collègues d’autres unités pour obtenir des feedbacks (même les plus simples).

Pris dans l’étau de toutes ces contraintes, comme bon nombre de jeunes cadres célibataires dans nos grandes entreprises, j’ai cédé à la tentation de mettre la famille et les amis en veilleuse. En le faisant, j’avais en tête deux postulats:

  • Si je travaille suffisamment dur au début, j’obtiendrais plus rapidement une promotion et, par ricochet, des employés sous ma responsabilité pour alléger ma peine ;
  • ‘De toutes les manières, la famille et les amis comprendront’, ‘Ne sont-ce pas les mêmes qui profitent sans sourciller du fruit de mon dur labeur?’ me disais-je alors. Avec la famille en effet, je n’étais point avare en cadeaux, ‘mains levées’ et transferts de crédit téléphonique; de même que tous mes amis savaient d’avance qui paye les factures quand on sort le soir avec ‘Charly Scott’.

Le temps ne m’a malheureusement donné raison sur aucun des deux paris.
En effet, plus tu fais montre d’une grande capacité à produire du travail, plus tes patrons t’en donneront, et croissantes seront leurs attentes. C’est mécanique ! Quand en plus tu es du genre à aimer les challenges, le fait de dire ‘oui’ devient presque inconscient. Malheureusement, dans la vraie vie, un homme normal (même dopé à la potion d’Astérix, ayant la foi de la Vierge-Marie et la capacité de travail de Jack Bauer) ne peut faire qu’un nombre limité de tâches dans un intervalle de temps donné. Conséquences: incapacité persistante à tenir tes délais, mécontentement de ton boss (qui dans l’attente de ton travail, avait promis monts et merveilles au CEO, et que tu as ainsi exposé), ‘Gatage de nom’ (pour parler Camerounais). Bref, Adieu la promotion!
La famille de son côté, n’en peut plus des ‘Je te rappelle, je suis en réunion’ sans suite. Les amis, même les plus fidèles et ardents soutiens du début, commencent à céder à la phrase culte : ‘Le gars-là, depuis qu’il est à MTN, il se prend la tête!’. Sans parler de ta compagne qui ne manque pas de partager avec toi les articles sur les origines de l’infidélité ou alors des histoires pas si lointaines de couples qui ont sombré dans l’infidélité à cause du vide affectif. Bref, le genre de message subliminal qu’on te passe dans les clips de Jay-Z ou Kanye West, mais qui te fait très rapidement comprendre que la ligne rouge n’est pas très loin !

Les nombreuses frustrations professionnelles


Au titre de frustrations professionnelles, j’en distinguerais deux catégories : celles liées aux conditions de travail (conditions psychologiques surtout) et les frustrations liées à ce que j’appellerais les occasions/révolutions manquées a MTN.

 ‘The only thing constant is Stress!’


Un peu plus haut, je vous parlais de ce cercle vicieux typique de l’employé acharné au travail et perfectionniste. Eh bien, ce fameux cercle est un excellent générateur de frustrations. Au moment où tu commences à ne plus pouvoir tenir le rythme imposé, les remarques les plus tranchantes te sont sorties sur ta capacité réelle à faire ton travail. C’est à ce même moment que tu t’arrêtes, tu regardes toutes ces nuits, ces ‘patrouilles’ (sorties de nuit) entre amis sacrifiées à faire tel rapport, tel document de spécifications produit (avec amour et dévotion en plus). Tu te souviens également de toutes ces fois où tu as sauvé la peau de ton boss en apprêtant à sa place son rapport de la première virgule à la dernière… Tu te dis juste : « This peeps ain’t loyal! ».
De manière similaire, il y a également chez le bosseur fou, cette sensation de ‘deux poids deux mesures’, cette impression qu’on attend toujours trop quand il s’agit de toi. A la longue, les questions commencent à fuser dans ta tête, parmi lesquelles la fameuse: « Toi-même qui me demande ça, si on te donne le délai là, tu peux? ». Mais bon, comme tu es un peu trop bien élevé pour poser la question en des termes aussi peu élégants, en général tu canalises. J’ai canalisé longtemps, tellement longtemps… Mais, à la faveur de nombreux échanges informels avec des managers en interne, j’ai fini par comprendre que c’est ainsi que le ‘système’ fonctionne et ce n’est pas proche de changer. En bon scientifique, je me suis amusé à théoriser le concept : « Dans une entreprise, la pression se déplace TOUJOURS de haut en bas, selon la verticale de l’organigramme ». Quand tu n’es pas d’accord et que tu es à la base de l’organigramme, tu tires logiquement les conclusions.

Les occasions/révolutions manquées à MTN


Dans cette seconde catégorie, il y a beaucoup de regrets, vraiment beaucoup de regrets. Non pas que le bilan soit négatif (bien au contraire). Simplement, l’écurie de cette entreprise est tellement fournie que ce qui en sort comme produit est très largement en-dessous du potentiel réel à mon avis.
Le premier combat personnel que je m’étais donné dès le premier jour était celui l’amélioration de la qualité des produits. En effet, après 5 ans environ chez un équipementier à faire 85% de Technique et 15% de Marketing, j’étais si heureux de rejoindre le Marketing MTN et surtout faire partie de la toute première équipe ‘Digital & Innovation’ au sein de l’unité Produit et Services. En plus, j’allais être celui qui gère entre autre les produits liés à la musique: le comble pour un amoureux fou de musique!
En dépit de motifs de satisfaction personnelle comme la restauration de la musique camerounaise sur les plateformes digitales (après des années de suspension), les nombreux artistes locaux qui ont profité des mini-scènes, ou l’amélioration substantielle des performances de certains produits, le reste est demeuré au stade de vœu pieu. Trop de choses lancées dans la précipitation, sous notre propre pression, alors même que la qualité minimale n’y était pas. Trop de produits auxquels toi-même tu ne crois pas tellement. Mais bon, ‘il faut seulement faire’ semblait être la ritournelle habituelle. Bilan des courses : peu de satisfaction personnelle, peu d’emprise réelle des produits auprès du public, et dans les meilleurs des cas, un réel gout d’inachevé chez le consommateur. Le professeur MONO NDZANA illustre ce type de situations à merveille en parlant de ‘politique de l’esquisse’. Cette tendance bien répandue à s’attaquer à de vrais sujets (l’innovation dans notre cas), puis à ne traiter le problème qu’en surface (livrant ainsi une simple esquisse à l’audience qui attend pourtant une œuvre d’art). Difficile m’était-il alors devenu de continuer à vivre avec ce sentiment.

Le second combat perdu est celui des artistes-musiciens. Bien qu’ayant participé à rétablir les artistes locaux sur les plateformes digitales, j’avais cette conviction que MTN pouvait/devait aller beaucoup plus loin que des concerts géants deux fois l’an. Ces concerts sont certes des occasions de revenu et visibilité uniques pour ces artistes en quête de réussite, mais sont-elles seulement durables ? Un artiste comme Stanley ENOW qui a derrière lui de prestigieuses récompenses et un rayonnement international certain peut-il se contenter de revenu de plateformes digitales? Comparaison n’est peut-être pas raison, mais MTN n’a-t-il pas bel et bien sponsorisé le Football local à hauteur de centaines de millions de francs pendant plusieurs années? Pourquoi ne pourrait-il pas en être autant pour la Musique ? Sans trahir aucun secret, il me revient en mémoire une mythique discussion ouverte (avec un responsable du Sponsoring à l’époque) au sujet de notre investissement en faveur des artistes musiciens. Il m’a avancé beaucoup d’arguments convergents sur la nécessité pour les artistes de s’investir eux-mêmes pour leur promotion en premier lieu. J’ai acquiescé, mais j’ai renchéri en demandant si cela lui paraissait suffisant. J’avais ajouté : « Ne nous faut-il pas donner ce réel coup de pouce pour construire l’industrie musicale locale? Pas simplement pour les besoins de revenus immédiats mais également pour inscrire nos noms dans l’Histoire! ». Hélas, il semble bien difficile d’expliquer à un très bon salarié, qui côtoie surtout les Richard BONA, Charlotte DIPANDA et autres MUSEBA (des artistes installés à l’international pour la plupart) qu’il y a aussi des Stanley (au tout début), des Pol’hanry, des Maahlox, des Andy ; ces artistes, sans revenu fixe (merci SOCAM), qui ont des factures et charges fixes à payer chaque mois, et qui font l’essentiel de leur revenu sur un marché domestique encore embryonnaire? Il n’était visiblement pas celui-là qui recevait des ‘Bip Me’ ou des appels venant de Call-Box de la part d’artistes pourtant ayant pignon sur rue. Bref, avec cette fameuse politique de réduction de coûts tous azimuts, la discussion n’avait pas tourné en ma faveur et j’ai du rapidement ravaler mes naïves espérances de grandeur.
La dernière révolution manquée est celle de la stratégie de création et de lancement des produits. Pour faire simple, le postulat globalement admis semblait être : ‘Les Télécoms sont un marché très dynamique, donc il faudrait sans cesse que ça bouge !’. Traduction en langue ‘Yello’: les promotions à tout-va, lancement de produits en mode urgent, changements interminables sur les produits. L’essentiel est que ça sorte au plus vite et que ça fonctionne! Au diable le cote ‘cerise sur le gâteau’ (l’effet Wow!) pourtant non-négociable pour des marques de référence comme Apple. Pour bien illustrer mon motif d’inconfort, je disais parfois à haute voix que même si on faisait un questionnaire en interne sur les plans tarifaires uniquement, très peu de nous auraient 10/20, tellement ça évolue vite. Imaginez à combien plus fortes raisons nos pauvres 10 millions de clients ! J’en étais arrivé au point de me gausser systématiquement de ce scenario rébarbatif, le comparant à l’histoire du suicide collectif dans une secte très populaire en occident à la fin des années 90. C’était donc « soit tu rentres dans le bain et tu suis le mouvement, soit tu prends la porte avant que le rouleau compresseur ne t’entraîne dans sa marche vers le ‘précipice’ ».

Du début de la rébellion intérieure et du désintérêt pour l’entreprise


Face à ces frustrations multiples et croissantes, tout être humain normal tend à former une carapace, une bulle. Je n’y ai point échappé! Il s’est développé chez moi cette rébellion intérieure qui vous pousse à ne ressentir ni la pression, ni l’autorité de vos supérieurs hiérarchiques. En somme, vous êtes en roue libre :

  • Délai non respecté? Relax, le boss ne va pas me tuer.
  • Le boss vous engueule ? Relax, lui-même qui court là est en train d’aller droit vers le précipice, donc il ne sait même pas de quoi il parle au fond.
  • Fatigué le matin ? Tranquille, je reste chez moi ; d’ailleurs je travaille même trop, c’est l’entreprise de mon père ?
  • Les revenus commencent à baisser ? De toutes les façons, je ne croyais pas vraiment en ce produit depuis le lancement. J’ai juste passé mon temps à me faire violence en lançant des promotions là-dessus.

Au total, le sentiment de faire partie intégrante de la grande famille de l’entreprise, le sentiment de travailler en synergie avec vos collègues et amis pour un intérêt commun, cette passion des premiers jours… Tout cela vous quitte progressivement au fil des semaines, jusqu’au jour où la situation devient intenable; tellement intenable qu’une prise de conscience s’impose. Ce fameux jour où, tel un conducteur ivre de retour d’une virée nocturne, une succession de chocs vous amène très rapidement à sortir de votre état sommeilleux! Il faut prendre une décision

Ce fameux jour, par la force du hasard (ou la volonté de Dieu, c’est selon), vous vous retrouvez seul avec votre conscience. Alors, vous vous mettez à penser fort, très fort:

  • A vos collègues que vous avez mis dans l’embarras plus d’une fois à cause de cette désinvolture à la limite de l’insouciance. Ceux-là qui ont dû arranger votre désordre à votre place, parce que le boss était fatigué de vous remonter les bretelles sans succès.
  • A votre entreprise dont l’excellente réputation est désormais est à risque à cause des nombreux partenaires externes que vous avez ignoré, méprisé ou traité de façon peu cavalière ; tout cela pour des questions de convenance personnelle.
  • A votre image qui se détériore considérablement, y compris auprès de vos collègues qui vous estimaient le plus. A ce sujet, l’un de mes managers avait une très belle formule que j’ai retenue: « la confiance se gagne en gouttes et se perd en litres ».

Ensuite, vient alors cette interrogation légitime: Faut-il donc quitter le navire maintenant ou dois-je attendre une éventuelle embellie, afin d’y trouver les ressorts et la motivation nécessaires pour rebondir ?
Analyse rapide de la situation: l’embellie n’était malheureusement envisageable ni à court ni à moyen terme, car les causes de mon malaise en interne n’étaient guère conjoncturelles. Elles étaient davantage structurelles; profondément ancrées dans la réalité et les mœurs de l’entreprise et de la large majorité des employés. Ça n’allait donc pas changer pour le simple plaisir de quelques rebelles 2.0 ! La preuve, ceux qui réussissaient et prenaient du galon dans la maison étaient ceux qui savaient le mieux se distinguer dans cette capacité à exécuter limite ‘bêtement et brutalement’ les lois de la maison avec toutes ses tares (pour emprunter cette expression chère à mon professeur de Physique de Terminale).
La réponse était donc claire : il fallait démissionner (avec tout ce que cela comportait comme perte d’avantages, de prestige, et de revenu). Les seules choses que j’étais convaincu de gagner avec cette décision étaient le lien social avec ma famille et mes proches, ainsi que la possibilité de faire germer les nombreuses idées de produits que j’avais formulées avant et pendant mon séjour chez MTN. A part ces deux éléments, tout était à perdre.
Néanmoins, pour une décision aussi critique, avant de passer à l’action, il faut évidemment réunir un certain nombre de préalables, incluant les avis pertinents d’aînés dans la profession, des entretiens libres et francs avec sa chaîne hiérarchique, des discussions avec quelques proches et membres avisés de la famille…

Pour des raisons de confort (longueur du billet), je vous réserve les détails de toute la démarche de démission pour le prochain billet.

Allez, A bientôt!
@charlyscott237

P.S: J’aimerais dédier ce billet à mon ancienne unité Produit et Services (la Dream Team) ainsi que des anciens collègues très précieux comme Patrick Epée et Yannick Tientcheu (ces esprits brillants et très rares de l’écurie MTN).
En second lieu, j’encourage ceux d’entre vous qui travaillent tous les jours sous pression dans vos entreprises respectives, et qui, malgré des frustrations parfois très profondes, ont fait le choix de s’y maintenir et garder la tête haute!

Monday, February 2, 2015

Introduction au 'Journal de Bord d'un voyage vers l'inconnu'

Chers Lecteurs,
Je dois commencer ce billet introductif en vous remerciant de m'accorder quelques minutes de votre temps précieux pour me lire. J'espère sincèrement que le détour en vaudra la peine et surtout que ceci ne sera pas juste une goutte de plus dans l'ocean des blogs existants.
Je vous demande également de l'indulgence pour cet exercice inhabituel dans lequel j'ai décidé de me lancer (j'ai longuement hesité en effet avant de me résoudre à cette nécessité). Vos commentaires et remarques constructives m'aideront certainement à parfaire mes aptitudes...

'De quoi parle ton blog?', 'Pourquoi devrais-je le lire?'...

Questions légitimes que vous devez vous poser à présent! Eh bien, ce blog parle de mon aventure actuelle dans l'entreprenariat. Non pas que je me prenne trop au serieux (meme si je m'aime bien quand même) ou que je pense avoir reussi (loin s'en faut, je commence à peine); il me semble simplement que:

  • Toute aventure de création d'entreprise est singulière et mérite d'etre racontée en détail.
  • Dans le Numérique, nous avons beaucoup trop de modèles de réussite importés (Steve Jobs, Bill Gates, Silicon Valley, etc.), ce qui rend l'appropriation de ces modèles beaucoup plus difficile (pas le meme contexte, me dit-on souvent).
  • Les aventures les plus proches de nous (moins nombreuses, c'est vrai) ne sont pas assez racontées. De plus, beaucoup d'entrepreneurs locaux à succès ne savent pas clairement vous expliquer la singularité de leur succès personnel et restent vagues ('Le financement', 'Le travail', 'Le Seigneur'... entends-je souvent)
  • Les billets/livres disponibles sont très souvent des ouvrages post-succès (quand le gars a déjà percé, pour parler 'camerounais'). En général, l'éditeur (commerçant) essaie de bien ficeler l'histoire pour en faire une success story médiatique (i.e. un bon produit commercial). L'histoire réelle en est ainsi travestie. Parfois les ficelles sont tellement grosses que l'ensemble en devient assez peu crédible.

Ce qui vous est donc proposé sur ce blog, c'est de vivre, au fil de l'eau, les petits pas d'un entrepreneur ambitieux vers le bout du tunnel (la sortie, je précise). Cela fait 3 mois seulement que j'ai quitté l'une des meilleures entreprises du Cameroun ('très modestement', comme dirait Charles Atangana Manda). Neanmoins, je vous promets: les experiences vécues depuis sont tellement nombreuses et diverses (stress, montées d'adrénaline, moments de 'foirage', rencontres, disputes conjugales / familiales, etc.) que je pense avoir de la matière pour au moins 2 billets par semaine!

Le mot de la fin

Enfin, sachez que je n'écris pas pour moi, J'écris pour vous! J'écris dans l'espoir constant que vous sortiez encore plus enrichi d'un billet à l'autre. A travers le partage de mes expériences vécues, je nourris l'ambition ultime de voir beaucoup moins de diplômés ayant uniquement des rêves de recrutement avec gros salaires et voitures de fonction!
'Vaste programme' me diriez-vous... Je suis néanmoins comme Francois Mitterand, 'je crois aux forces de l'esprit'.
Dans mon prochain billet, je commencerai par vous présenter mon background (académique et professionnel) et comment j'ai sauté le pas du salariat à l'entreprenariat (histoire de commencer par le commencement...).

Allez, A bientôt!
@charlyscott237

P.S: C'est mon anniversaire aujourd'hui. Tous cadeaux acceptés (iPhone 6, Galaxy Tab 4, Veillées de prières, Neuvaines, Ecran Plat, Nuit de délivrance...)